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samedi 13 janvier 2024

lundi 28 août 2023

Pierre Gaudu - Sentier du Désert en Valjouffrey. Une série photographique réalisée entre 2011 et 2023. En écho au recueil "Avoir lieu" d'Emmanuel Merle aux éditions L’Étoile des limites. Rencontre avec l'auteur le 14 septembre 2023 à la librairie La Nouvelle Dérive Grenoble.


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2013 

La photographie ne commence pas forcément avec un beau sujet, elle commence comme une rencontre, parfois fulgurante, dans un bain de lumières et de contrastes. Elle naît de cet instant précis et précieux, où s'entrecroisent tous les paramètres émotionnels et de construction de l'espace, dans une suite accélérée d'intuitions et de possibles.

Je ne m'interroge que très rarement sur ma démarche de photographe. S'il y a démarche elle ne peut être qu'intuitive et non liée à une volonté ou à un processus de création annoncé. Je découvre simplement qu'un projet me tire toujours plus en avant, qu'il est relié à une exigence intime, source de jouissance presque indicible à mon sens. Peut-on d'ailleurs parler de démarche dans ce type d'approche intuitive tant elle est dépendante de mes états-d'âme, mélancolie, éblouissement, émotivité, exaltation.

Mon travail photographique dit une quête permanente liée à la Nature vénérée depuis toujours, un besoin vital de réactiver l'enfance lointaine, un besoin de resacraliser ce que notre époque a banalisé et pour finir saccagé.

Là où la création picturale impose une introspection parfois source d'angoisses, la photographie prend le relais, tout en brillance et légèreté, pour me transporter vers des espaces ouverts et des sentiers poétiques. C'est en marchant que je questionne ma pratique de la photographie, l'idée du paysage, comment aller au-delà de ce que j'ai déjà réalisé, comment faire plier mes habitudes, comment trouver mon écriture autour de la lumière, comment voir mieux.

 J'ai ce besoin impérieux de me retrouver sur ces sentiers cent fois foulés... de faire « le tour du propriétaire » moi qui ne possède aucun bien - je les possède tous - Laffrey et le grand lac, le Grand Serre, le plateau Matheysin, le Valbonnais, le Valjouffrey (mon dernier coup de foudre) où j'ai bien dû me rendre une dizaine de fois cet été. J'ai mes torrents en tête, ceux de mon enfance... celui du Bruyant dans le Vercors, de la Bonne, celui du Grand Serre. J'ai mes pierres au bord des sentiers et les plus belles qui me calment, mes arbres, les plus grands qui m'enseignent la sagesse et depuis quelques temps cygnes, bernaches et autres volatiles qui m'enchantent et illustrent l'ivresse des pleines lumières, des grands espaces.

Depuis quelques temps j'éprouve le besoin de poser mon regard dans les allées des jardins parcs et roseraies, serres, intermédiaires entre la nature et l'homme. Ainsi au lendemain d'un vernissage en novembre dernier, pour dévier un moment de solitude je me suis retrouvé dans un domaine grouillant de vie, de volatiles, de rires et d'enfants, de touristes, d'arbres beaux comme des cathédrales... depuis j'ai fait de ce lieu un monde à moi, un projet.

Finalement j'en arrive presque à penser que j'ai des rendez-vous avec certains sujets, j'imagine même que ce sont eux qui me choisissent... Une femme blême et solitaire en bout de banc, sous un majestueux bouquet de platanes, « conte de la forêt » Un cygne noir immobile, constellé de perles de pluie entrouvre un oeil, puis le referme apaisé, m'offrant ainsi comme un trésor, le temps de pose « signe des temps »